Repas agréable, avec en particulier un plat excellent et des choses plus inégales.
Salle assez sombre, ambiance "lounge tamisée", ça va bien en hiver, mais ça doit être un peu moins agréable en été.
Service impeccable, un poil maniéré peut-être, et un jeune sommelier sympathique qui a pris plaisir à discuter après avoir compris qu'on aimait et connaissait un peu le vin.
Amuse-bouches:
- Tartelette champignons et moka : goûteux, bien équilibré
- Croquette de Riz grillé et st Jacques citron vert/poivre : croquette un peu grasse.
- Tube croustillant mousse curry / tourteau / pomme verte : original, avec du boulot, c'est bon.
Oeuf bio de Plouisy moëlleux, petit maïs grillé, crémeux de maïs à la truffe noire
Un plat assez "terrien", presque rustique, qui pourrait être réussi si la truffe était goûteuse ... malheureusement ce n'était pas le cas. Il reste un oeuf, certes très bon et à la juste cuisson (quasi-mollet), un crémeux de maïs (sur lequel l'oeuf est posé) goûteux, un peu granuleux, les petits maïs grillés ont un goût étonnant (j'ai cru qu'il y avait de la betterave dans le plat), mais le jus truffé assez quelconque plombe le résultat.
Saint Jacques de Plongée rôties, condiment carotte orange sanguine, crème au wasabi frais et fève tonka
Le plat de la soirée sans aucun doute, avec deux très belles St-Jacques dont la texture a été préservée par la cuisson, le petit condiment sur les St-Jacques est très croquant, réalisé à base de carotte, écorce d'orange, pain croustillant, endives. Sous les St-Jacques, une petite purée de carottes, et la crème émulsionnée donc, bien beurrée mais dans un esprit "fusion food": fève tonka pas trop forte, et le wasabi qui relève le tout avec subtilité, RHAAAA que c'était bon, à la fois goûteux, parfumé, tout en laissant de la place aux St-Jacques. Un des meilleurs plats mangés depuis un bout de temps !
D'ailleurs, je découvre que "les inspecteurs du guide Michelin" semblent d'accord avec moi
Homard de Bretagne, confit au beurre de corail, salsifis fondants, bouillon léger au lait de noix de coco
Bon, quand on t'annonce un homard de Bretagne, tu te doutes que tu vas pas l'avoir en entier, mais là c'est vraiment pas gros (la photo est très flatteuse, prise de près). Pas gênant en soi sur un repas en plusieurs services où l'on sait qu'on n'aura plus faim en sortant, mais dur de se dire qu'on n'a pas une petite bouchée de plus à se mettre sous la dent. C'est aussi un signe que le plat est bon, ce qui est le cas, même si le savoureux bouillon "à la thaï" est tellement parfumé (citronnelle ...) qu'il prend le dessus sur un homard servi nacré. Les salsifis n'apportent pas grand chose.
"Intermède fraicheur" : sorbet citron, puissamment mais agréablement épicé (on a joué aux devinettes, trouvé la noix de muscade, le clou de girofle, le basilic, apparemment il y avait aussi de la menthe poivrée ...)
Pigeon Royal Maine et Loire rôti au beurre, compote de pomme citronnée, 1000 feuilles pommes de terre truffe noire
Conseillé rosé, il est effectivement servi "rosé +" (ou plutôt - si on compte en temps de cuisson), ça peut être un peu juste, moi ça me va. La viande est exceptionnellement tendre. La compote de pomme citronnée ne m'a pas laissé de souvenir particulier, l'attention étant retenue par le très beau millefeuilles, hélas pas aussi bon qu'il n'est beau. Une fois encore la truffe manque singulièrement d'expression, dans un registre un peu terreux. la pomme de terre, en lamelles très fines, est encore presque croquante.
Dans le jus de viande, je trouve que les brisures de truffe ne sont pas très élégantes (et même en bouche ça n'est pas convaincant, donnant l'impression de "morceaux" dans un jus par ailleurs soyeux)
Les fromages de Bernard Antony, salade verte, pain grillé
Qui n'a pas son Bernard Antony à la carte ?
Ceci dit, effectivement,les fromages sont très bons :
- un gruyère d'alpage de 24 mois, où l'on perçoit déjà les cristaux de sel tyrosine du vieillissement, au niveau des meilleurs comtés et gruyères helvétiques que j'ai goûtés
- une tomme de brebis qui doit sans doute être celle-ci
- et un 3e que j'ai oublié !
Excellent pain de campagne, grillé "mono-face" (et ça fait la différence, à la fois croustillant et moelleux)
Pré-dessert : mousse de riz au lait et sorbet mandarine, posé sur des segments de mandarine. Très bon sorbet, la mousse est très aérienne, peu sucrée, c'est très agréable.
Citron Mas Bachès en tarte croustillante aux noisettes, crémeux citron, sorbet menthe
Le crémeux recouvre la tarte croustillante qu'on devine seulement sur la photo, le couvre-chef qui sert de support au sorbet étant sans doute à base de chocolat blanc.
Visuellement c'est réussi, même si la photo ne lui rend pas hommage.
C'est bon, mais pour reprendre une des expressions préférées du chef avé l'acceng, ça "manque un peu de peps", un comble pour un dessert base citron (mais bon, on aime bien les choses très acidulées aussi ...) Le sorbet menthe est excellent.
Chocolat Grand Cru du Pérou, disque de chocolat crémeux illanka, croustillant et émulsion lactée
Un beau travail de dressage (même si l'émulsion lactée au centre n'est sans doute pas top classe d'un pt de vue esthétique) et du chocolat en plusieurs textures : une base circulaire (creuse au centre) croustillante, la crème au centre, entourée des "tétons" avec en leur sein (sic) une ganache "glacée-fondante". Je ne suis pas toujours fan des desserts au chocolat, surtout après des repas longs, mais c'est un choix de saison certainement. C'est riche, et le chocolat utilisé est assez peu corsé, du coup on peut reprocher une certaine "mollesse" à ce dessert ... même si c'est objectivement bien réalisé.